· les 6 émotions ·

Tristesse

Tristesse viscérale, celle qui nous prend aux tripes et nous empêche de penser. Celle qui nous empêche de parler, de voir, de vivre.

 Elle a pris racine un jour, comme ça, sans forcément s’annoncer. Tout comme le lierre emprisonne les murs de pierre, elle s’est installée petit à petit et a recouvert toute surface encore exposée à la lumière. Elle se préserve pour les moments sombres, ne se dénude que dans l’ombre. Miroite nos pires souvenirs et sublime ce que notre âme rejette. Déesse du mal qui fait couler des larmes sur son passage, elle soumet les hommes et les enchaîne dans cet antre noir aux abysses impénétrables.

 Douce mélancolie mêlée à l’amertume de la vie, elle a gravé au fer nos pires souvenirs. Certains savent la dompter sans effort, la rejette et la condamne dans d’obscurs coins de leur mémoire. D’autres la subissent et luttent sans cesse, se plient et souffrent dans ce combat sans fin. Et puis, il y a ceux qui finiront par s’y plaire. Comme un besoin, une envie de souffrance. Une relation venimeuse lors de laquelle cette danse finira mortelle. Une étreinte dangereuse et souvent empoisonnée, lente et suffocante.

Illustration : Marion Furt (inspiration Pinterest - Society6)

Illustration : Marion Furt (inspiration Pinterest - Society6)

La douleur de l’absence, la blessure de la trahison, la peine de l’échec. Ou juste le vide, ce vide qui parfois devient insupportable. Ce vide rempli de sens et rempli de rien, rempli de noir. L’étreinte du désespoir.

 A notre tristesse

Peur

 Les muscles crispés et la gorge nouée, la petite fille respira profondément en essayant de se détendre. Mais la chose était là, tapie dans l’ombre. Invisible, intouchable, insaisissable. Une menace grandissante et morbide. Comme chaque jour, elle n’osa pas traverser le bois car il lui semblait qu’une force maléfique l’aspirerait à tout jamais, camouflée par les branches menaçantes des grands arbres.

Un jour, une pluie battante força la petite fille à trouver un endroit pour s’abriter. Elle s’aventura à la lisière du bois et s’enfonça dans la forêt. Alors que l’averse se calmait, quelle ne fut pas sa surprise en découvrant à quelques mètres à peine, une clairière parsemée de fleurs colorées. La nature avait préservé ici un présent d’une beauté rare, à l’abri des regards inquisiteurs.

La peur est sournoise et survient lorsqu’on la désire le moins. Comme une muraille infranchissable, elle freine, voire anéantit tout espoir d’avancer. C’est une mauvaise herbe tenace qui s’infiltre par chaque recoin et fragilise les âmes sensibles au plus haut point.

Néanmoins, même les plus forts ressentent la peur. Ce n’est qu’une question de contrôle, et elle est très souvent infondée.

Combien de fois, avez-vous ressenti la peur d’aller quelque part pour la première fois, de rencontrer quelqu’un que vous connaissez peu ? Alors qu’aux premiers instants de votre aventure, le moindre soupçon d’anxiété s’était déjà envolé ? La peur, c’est l’inconnu. C’est le manque de pouvoir sur les choses.

Comme le dicte un célèbre adage, « L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine à la violence ».

Vaincre ses peurs demande du temps mais fournit une satisfaction sans limite. Vaincre ses peurs, c’est en quelque sorte se sentir invincible le temps d’un instant.

Mais n’oubliez jamais que la peur est aussi une arme essentielle, car elle apporte sensibilité et recul sur les choses. Si personne n’avait peur, nous serions des monstres sans appréhension ni réflexion. La peur a sauvé bien des vies en raisonnant les plus déraisonnables.

Et c’est de là que naquit le courage…

Colère

Tempête tropicale, des bourrasques de vent violentes détruisent tout sur leur passage. Les arbres se plient jusqu’à craquer, les rafales de pluie fouettent les visages les plus endurcis. Violence sans issue, la tempête dévaste tout sur son passage. Une seconde plus tôt, le ciel était bleu et les oiseaux chantaient. Il suffit d’une seconde pour que les nuages menaçants s’amoncellent et grondent de plus en plus fort.

Ce sentiment si profond, si noir, brûlant et difficile à contenir, n’est qu’une métaphore de cette majestueuse tempête. La colère est semblable à une marée dévastatrice, elle est inévitable et détruit tout sur son passage.

Vous pensez pouvoir contenir votre colère ? Elle ressurgira sous une autre forme, à un autre moment.

Elle sera camouflée, ayant emprunté les chemins tortueux du déni. Elle se manifestera par saccades et violences quotidiennes, un comportement parfois bien plus destructeur qu’un coup de gueule épisodique. Un poison mortel se frayant un chemin sur le parcours de la vie…

La colère fait dire des choses que l’on ne pense pas, elle amplifie nos pires cauchemars et noircit le tableau de la vie comme un nuage chargé de pluie.

Parfois justifiée, elle permet aussi d’extérioriser une rancune et un désagrément.

Un amas de blessures refoulées conduira bien trop souvent à une colère grondante au fond du cœur…

L’obscurité

  

Dégoût

 Mouvement de recul. Hésitation, balbutiement. Être confronté à ce que l’on ne connaît pas et ce qui nous choque. Jeter un regard méprisant sur cette personne ou cette chose que l’on ne comprend pas. La répulsion à l’état pur, le rejet de cette entité dans son ensemble. 

L’odeur nauséabonde d’une rame de métro blindée un soir d’été. 

L’amertume d’un breuvage aux couleurs douteuses. 

L’aspect d’un homme dévasté malmené par la vie.

Le contact de la vase sur la peau.

Le bruit repoussant de la mastication.

Les déchets qui s’entassent sur nos trottoirs.

Les mensonges des politiques.

La violence des hommes.

Haut-le-cœur. Un goût de bile dans la bouche. 

Ça m’dégoûte. 

Parfois, la lassitude amène le dégoût. Un quotidien trop identique, des gestes qui se répètent, une relation qui peine à reprendre son souffle... Ce schéma qui peut être fatal, qui nous fait fixer malgré nous les défauts de l’autre. Et il s’installe sournoisement. Il s’amplifie, il s’embrase et crépite comme un feu dont les flammes ne cesseraient de vouloir atteindre le ciel.

Jusqu’à provoquer un mouvement de recul. Hésitation, balbutiement. 

Jeter un regard méprisant sur cette personne ou cette chose que l’on ne comprend pas. La répulsion à l’état pur, le rejet de cette entité dans son ensemble

 Ça m’dégoûte.

 

Joie

 Petite bulle pétillante, qui virevolte dans l’air ;

Synonyme de légèreté,

Elle apparaît lors des beaux jours,

Lorsque le soleil pointe le bout de son nez.

Compagne de la folie et de l’amusement, elle se manifeste bruyamment ;

Provoque des sourires et des rires à n’en plus finir,

Qui tourbillonnent dans le vent.

Tout aussi intense que la tristesse,

Elle aussi provoque des larmes

Porteuse de bonnes nouvelles ou tout simplement frivole

Cette lumière quotidienne que nous ne cultivons pas assez, est pourtant la clef à bien des mystères…

C’est une aura que nous portons en chacun de nous, que l’on se doit de chérir avec attention

La laisser exploser donne accès à une extase des plus délicieuses :

Elle permet de s’envoler vers d’autres horizons,

Sans craintes ni soupçons du lendemain

Elle nous emporte loin et nous fait réaliser nos rêves,

Qui semblent à portée de main

La joie, c’est de regarder autour de soi en se disant qu’on est la personne la plus chanceuse du monde

C’est de ne vouloir changer de vie à aucun prix

C’est savourer l’instant présent en respirant à pleins poumons

L’impatience, l’envie de vivre et de croquer la vie à pleines dents

Malheureux sont ceux qui n’y goûtent que trop peu souvent !

Que cette perle fleurisse                                  

 

Surprise

La surprise est comparable à une offrande, un présent dont on ne soupçonnait pas l’existence. Elle illumine notre vie comme un rayon de soleil inattendu qui éclabousse de lumière ce qui l’entoure.

Parfois à double tranchant, la surprise a deux faces qui se toisent et rivalisent.

Synonyme d’émerveillement, elle enchante les âmes et les rends légères. Quoi de plus agréable qu’une bonne nouvelle, une visite inopinée, une victoire prématurée ?

Sensation de plénitude et d’accomplissement, ce picotement de plaisir lové dans la poitrine s’embrase et se diffuse pour créer des étincelles.

Toutefois, cette douce sensation n’est pas toujours au rendez-vous. Le côté sombre et ténébreux de la chose existe bel et bien, nous menant malgré nous dans les eaux troubles du désagrément…

Le cœur s’accélère, les muscles se crispent. Le souffle court, c’est comme si le temps s’était figé. Plus rien ne compte, plus rien ne se passe car les lois de la gravité n’ont plus aucun sens à ce moment précis : cette onde de choc provoque l’effroi d’une mauvaise nouvelle.

Vicieuse, la surprise est tourmentée, parfois joyeuse, parfois attristée. Elle survient lorsqu’on ne l’attend pas, elle est discrète ou ne l’est pas.

Message du ciel, hasard ou destinée, elle est indomptable.

Son caractère imprévisible la rend sauvage à tout jamais.

 Mystérieux évènement

Langoureuse valse des 6 émotions, tourbillon de sentiments et de ressentis 

© Lea Doumerc