· torpeur nocturne ·
Encore une nuit fracassante qui se prépare doucement. Les vapeurs de l’alcool abrutissent lentement les esprits tandis qu’on se met en condition pour aller onduler toute la nuit sous les basses. Odeur de cigarette, la tête qui tourne un peu : le bonheur de retrouver ses acolytes pour une nouvelle nuit de débauche et de folie. L’alcool coule à flots et on s’échauffe doucement.
Même si j’affectionne ce moment, je ne me sens pas encore totalement à ma place. Ce que je veux, c’est pénétrer avec vigueur dans cet antre sombre et me fondre dans la foule, ressentir les battements de son cœur et vider mon esprit en toute liberté, dans l’indifférence la plus totale.
Il fait chaud, les corps se tordent et se dénudent au fur et à mesure des heures qui passent. Dans mon élément, j’ondoie sous les quelques notes acidulées du set assourdissant qu’on est en train de nous servir. Autour de moi, les gens se déchaînent.
Je flotte et me laisse bercer par cette énergie commune qui me transcende vers un monde mystérieux et intouchable, qui m’appartient autant qu’aux autres à mes côtés. Personne ne me juge, personne ne me regarde. Ici, on s’émerveille des différences. La moiteur de l’air me colle à la peau, j’ai chaud mais pour rien au monde je ne voudrais rentrer tout de suite. La nuit nous enveloppe dans sa noirceur réconfortante et semble nous protéger de tous les dangers.
C’est le moment d’oublier le reste et de devenir qui on est vraiment, laisser libre cours à ses envies les plus folles. Bouger, se balancer, arquer son corps en rythme toujours plus vite jusqu’à épuisement. Cet instant, il restera gravé longtemps dans les mémoires. Comme un secret joliment gardé, chaque personne le fera fleurir à sa façon tout en essayant de le faire perdurer au-delà du temps qui s’écoule.
Le jour se lève, les yeux s’éteignent et cherchent désespérément une échappatoire. La morsure cruelle du lendemain fera fuir les âmes vagabondes à l’abri des foudres du soleil.
Text by @lea_doom